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VALORISATION.

Présentation
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Le projet PROCIT a pour ambition de prendre pleinement part à la réflexion impulsée aujourd’hui tant par les chercheurs en sciences sociales que par les acteurs de nombreux mouvements sociaux, à travers le monde, autour de la citoyenneté. La double perspective historique et comparative du projet au nord et au sud de la Méditerranée travaille résolument au dépassement d’une conception de la citoyenneté qui la confinait dans une gangue à la fois identitaire, nationale et essentiellement contemporaine, au profit d’une attention portée aux processus d’accès aux ressources en tant que mesure véritable de l’intégration. Les inégalités socio-économiques et juridiques déterminent les processus d’intégration sociale, en même temps qu’elles en sont le produit. Telle est la relation de causalité dont l’équipe de PROCIT, en s’inscrivant dans la problématique qui sous-tend l’axe 2 du défi 8, se propose de décrire les logiques et les implications, sur une période longue – trois siècles –, et dans une variété de territoires méditerranéens – de l’Europe du Sud (Espagne, France, Italie) au Machrek (Égypte, Palestine) en passant par le Maghreb (Algérie, Tunisie). La propriété sous cet angle s’avère être une entrée incontournable. En effet, dans les sociétés modernes au nord et au sud de la Méditerranée, le rapport aux choses crée des statuts sociaux, des relations, des liens et donne accès à des droits d’appartenance. Ainsi, les capacités d’exercice des droits de propriété dessinent les contours de communautés locales et, en conséquence, celles de communautés territoriales plus vastes. L’accès à la propriété est donc une étape essentielle de tout processus d’intégration sociale. Aussi, c’est autour de trois de ses facettes (que sont l’accès aux droits de propriété, sa transmission, et sa mise « hors marché ») que s’organisera aussi bien la recherche qu’une partie de la diffusion des résultats de PROCIT.

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Alors que la dimension proprement historienne du projet semble l’éloigner de la possibilité d’interagir avec la riche actualité de la citoyenneté, PROCIT entend au contraire mettre pleinement en lumière les nombreux ponts existant entre l’approche qui y est privilégiée et les questionnements ou revendications de la citoyenneté qui sous-tendent ou portent les mouvements contemporains. Si toutes les parties du monde semblent concernées par la question, du Brésil à la Chine en passant par l’Afrique et la Russie, l’espace méditerranéen semble particulièrement concerné. Les « printemps arabes » ont été l’occasion pour une jeunesse de repenser sa condition, tant en termes de droits politiques que de droits au travail notamment. En France et en Europe, les expulsions, le droit de vote des étrangers, le thème de l’identité nationale, posent directement la question des droits à l’appartenance locale. Au nord comme au sud de la Méditerranée, villes, collectifs de voisins, associations de parents, se retrouvent à la pointe de mobilisations sociales pour faire reconnaître à l’échelle nationale des droits qui ont été octroyés par l’usage et les pratiques sociales à l’échelle locale. Médias et sciences sociales limitent généralement l’analyse des formes de repli qui caractérisent les opinions publiques européennes au lien mécanique entre mondialisation et revendications identitaires. Or la myopie de cette explication ne résiste pas à la perspective d’une histoire des conceptions du lien social, replacée dans le temps long et considérant un espace large, permettant la comparaison d’une variété de contextes politiques et culturels.

 

PROCIT se caractérise en effet par la mise à distance qu’il opère avec le primat de l’identité. Se défiant de l’opposition classique et non moins évolutionniste entre une communauté identitaire originelle et la progressive émergence de l’État légal, PROCIT privilégie une conception contractuelle des modes d’adhésion, articulés à la revendication, l’exercice, l’affirmation de droits : c’est donc non pas à partir des catégories ethniques, linguistiques, ou religieuses, ou à l’inverse en considération d’un octroi formel qu’il entend considérer la citoyenneté mais bien à partir des droits par lesquels les individus s’autorisent à prendre part aux ressources en partage. La comparaison sera le fil rouge d’un projet soucieux non pas de s’en tenir à une simple exposition de cas divers mais, par l’attention portée aux ressemblances aussi bien qu’aux différences, et en se fondant sur une méthode originale (prenant appui sur les sources), d’évaluer les déplacements, en termes de connaissance qu’une telle approche permet. Cela passera par une réflexion renouvelée quant aux conditions, aux moyens et aux bénéfices d’une telle opération. La construction d’un tel objet dans ces conditions nous paraît être le moyen le plus pertinent de prendre part à un débat très actuel en des termes qui combattent les visions culturalistes et évolutionnistes et entendent leur apporter des alternatives fondées. 

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Volet pédagogique
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a. Deux écoles thématiques

Responsables : P. Ghazaleh, I. Grangaud – CRH/IRMC

Élément essentiel pour mener à bien l’objectif de formation affiché par PROCIT, la programmation de deux écoles d’été permettra de former doctorants et postdoctorants à la démarche méthodologique développée par les membres du groupe. La première aura lieu à Tunis au cours de la deuxième année et sera consacrée à la portée heuristique de la notion de citoyenneté dans les sociétés anciennes. La seconde se tiendra à Aix-en-Provence et portera sur les méthodes et les enjeux de la comparaison en histoire.

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b. Un atelier « citoyenneté locale » avec Nachaz-Dissonances

Responsable : S. Bargaoui, Nachaz-Dissonance et volontaires de l’équipe – IRMC

L’association Nachaz-Dissonance a été fondée à la suite du « printemps arabe » tunisien, la mise en place d’un régime démocratique et la libération de la parole. L’association entend accompagner ces changements par l’animation d’un questionnement large et partagé sur le sens et les enjeux de la citoyenneté qu’incarne notamment une forte mobilisation de la jeunesse. Étudiants, lycéens, jeunes gens engagés, sont autant de publics qui participent aux activités de l’association, avec lesquels sont régulièrement organisés différents types de rencontres, le mot d’ordre étant, pour les intellectuels qui en sont à l’origine, de sortir de la posture de « donneur de leçon » au profit des échanges. Dans le cadre du partenariat avec PROCIT, il s’agira concrètement de réunir, au cours de la deuxième année et sur une durée de trois jours, quinze à vingt participants qui auront préalablement préparé des textes ou des vidéos sur la question de la citoyenneté. Autour de ces productions, mais aussi de matériaux récoltés dans les sources historiques, quelques historiens de l’équipe et des membres de l’association créeront un cadre interactif d’échanges d’expériences et d’idées sur la citoyenneté locale : ce que signifie appartenir à un lieu et les ressources que cela procure.

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c. Réalisation de cinq films courts

Responsable : Postdoctorant ANR, Ab Joy Productions et ensemble des membres – TELEMME

Ab Joy est une structure associative de production marseillaise, principalement animée par deux vidéastes. Ces derniers sont familiers des écritures du réel et forts d’une solide expérience de collaboration avec des chercheurs en sciences sociales qui participent aussi à la vie intellectuelle de la structure. L’objectif que nous avons fixé à ce partenariat est la réalisation de cinq films courts (20-30 min.) qui rendent compte à la fois des résultats de l’enquête, mais aussi des processus ayant déterminé leur conception. L’usage de la vidéo en histoire est trop souvent limité à des formats convenus (reconstitutions, monologues de spécialistes, etc.). Afin de proposer une nouvelle application à la vidéo dans la recherche historique et, avant tout, de répondre à l’objectif primordial que constitue la démarche pédagogique dans PROCIT, le/la cinéaste sera présent(e), au côté des chercheurs, à l’occasion des différentes étapes du projet : des recherches en archives de différents membres, aux ateliers de confrontation des données (tâche 2.a), en passant par les colloques et les réunions de préparation des publications. Outre les résultats de l’enquête, il s’agira pour l’équipe de donner à voir les modalités de construction d’un comparatisme ambitieux, s’appuyant sur les sources et leur confrontation. Ces films seront en accès libre sur le carnet de recherche de PROCIT.

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Diffusion des résultats
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a. Trois numéros de revue et un ouvrage de synthèse

Responsables : S. Cerutti ; G. Calafat, I. Seri-Hersch (Axe 1) ; P. Ghazaleh, E. Colombo (Axe 2) ; I. Grangaud, T. Glesener (Axe 3) – TELEMME

Suite à la finalisation des enquêtes sur les sources, la troisième année sera dédiée au travail de rédaction de deux types de publication. D’une part, les productions de chacun des trois axes feront l’objet d’un dossier soumis à une revue à comité de lecture de rang A. À cet effet, nous avons déjà pris des contacts avec les comités de rédaction des Quaderni Storici et de la Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine. D’autre part, les principaux résultats des travaux et leur mise en relation seront édités dans un ouvrage de synthèse qui sera simultanément publié en français, en anglais et en arabe. Les traductions seront respectivement gérées et financées par le CRH et l’IRMC.

La seconde rencontre annuelle de l’ensemble des membres de PROCIT, à la fin de la deuxième année (tâche 2.b), fixera les modalités précises de ces publications. L’année suivante, l’équipe se rencontrera à deux reprises. Une rencontre intermédiaire aura lieu au bout de six mois pour discuter les premières versions des textes. Les 6 derniers mois du projet seront consacrés au travail éditorial et à la traduction de certains articles et de l’ouvrage de synthèse.

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b. Deux colloques internationaux

Responsables : S. Bargaoui, I. Grangaud, T. Glesener, E. Colombo, stagiaires masterants – IRMC/TELEMME

Deux colloques internationaux seront successivement organisés à Tunis, à la fin de la troisième année, et à Marseille, au début de la suivante (des contacts ont été pris avec la Villa Méditerranée), afin de mettre en valeur et en discussion les résultats produits par la collaboration des chercheurs de PROCIT. Deux thématiques ont été retenues, en lien avec celles des deux écoles thématiques : la citoyenneté et le comparatisme. Dans le premier, on cherchera à mesurer l’avancée que constituent les résultats de nos travaux sur la citoyenneté, les apports d’une perspective historique et comparative, les incidences de la « carte de la citoyenneté » qui en ressort, au regard des débats scientifiques pluridisciplinaires aujourd’hui très vivants. Il s’agira dans le cadre d’un second colloque, de concentrer la réflexion sur les enjeux méthodologiques et épistémologiques de la comparaison en histoire et de mettre en discussion la méthode comparative déployée dans le projet, sur la base de nos recherches.

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c. Un carnet de recherche

Responsable : Postdoctorant ANR, ensemble des membres – TELEMME

Afin d’assurer au plus vite la visibilité de l’équipe, un carnet de recherches (Openedition) sera créé et régulièrement alimenté par le postdoctorant recruté et l’ensemble des membres. Outre une présentation du projet, des actualités et des membres du groupe, ce carnet constituera tout d’abord un outil essentiel de diffusion des travaux du groupe. Une page sera en effet consacrée à la présentation des publications du groupe et à une activité soutenue de veille bibliographique. Une autre page accueillera les différents films courts que nous serons amenés à produire (tâche 3.c), qui transformeront ce carnet de recherches en un véritable outil pédagogique, participant ainsi à la fois à la diffusion des activités du groupe et au projet de formation, central, que revêt PROCIT.

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